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What is the capital of Tunisia?

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What is the capital of Tunisia?

« Goûter » pour « avoir le goût de » : est-ce uniquement en Belgique et au Canada et pourquoi ?

J’ai déjà entendu en France :

Ce café goûte le brûlé.

Le Dictionnaire culturel en langue française indique que cette construction où le verbe goûter a pour sujet un nom de chose est un régionalisme que l’on rencontre dans le nord et l’est de la France, la Belgique et le Canada.
Il n’est guère étonnant de voir le nord et l’est de la France associés linguistiquement à la Belgique, les frontières étant des structures fluctuantes et non pérennes.

La BDL nous dit que:

Le fait que cet usage soit ainsi connu dans plusieurs régions de la francophonie donne à penser qu’il pourrait s’agir d’un emploi ancien du français populaire qui a continué à vivre dans certaines aires et non pas, comme certains l’ont dénoncé, d’une influence de l’anglais to taste.

Effectivement cet emploi n’est pas récent. L’occurrence la plus ancienne que j’ai trouvée est dans le Dictionnaire de Godefroy :

Ceste venayson gouste trop, or sent trop du poyvre

Exemple que Godefroy a pris dans Lesclarcissement de la langue francoyse de Palsgrave (1530).

Dans l’article La sémantique de quelques constructions verbales en français du Québec,arguments et modalités1 Jean-Marcel Léard et Pierre Larochelle font, entre autres, une analyse des verbes sentir et goûter et aborde cet emploi du verbe goûter.

1 in Lexiques-Grammaires comparés en français: Actes du colloque international de Montréal (3-5 juin 1992)

Il doit s’agir d’un anglicime et d’un néerlandisme.

Pierre Rézeau dans son Dictionnaire des régionalismes de France consacre à goûter l’entrée suivante :

Goûter, verbe intransitif.

Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne, Oise, Moselle (est), Haut-Rhin.

Familier. (Le sujet désigne un aliment, une boisson) "être agréable au goût".

— Dans un tour impersonnel Ça goûte ?

Cet emploi est courant dans le français de quelques aires du nord et l’est de la France, ainsi qu’en Belgique et au Québec. Cette dispersion, jointe à l’exemple de Labiche du 19e siècle, qui ne semble pas marqué diatopiquement mais plutôt diastratiquement, invite à y voir un archaïsme du français populaire.

Dans l’est de la France toutefois, où il est attesté avant 1852, il est vraisemblable que cet emploi, dénoncé comme un calque de l’allemand schmecken depuis 1754 («Cela vous goûte-t-il? Cette soupe ne vous goûte pas» Eléazar de Mauvillon, Remarques sur les germanismes), est dû au substrat germanique.

Seul des dictionnaires généraux contemporains, le Nouveau Petit Robert l’enregistre avec la marque diatopique «régionalisme (Belgique et Canada)» comme verbe transitif direct et indirect.

Voici l’exemple mentionné par Rézeau tiré d’Un pied dans le crime (1866) de Labiche, dans un emploi légèrement différent cependant, au sens de "plaire" :

LUCETTE — Ça vous goûte de m’embrasser ?

GAUDIBAND — Oui, ça me goûte.

LUCETTE — Allez ! Si ça vous goûte.

Rézeau précise à propos du Québec :

Avec cette réserve qu’au Québec le verbe ne s’emploie pas absolument, mais en emploi transitif (ça goûte le brûlé, le sur…) ou intransitif avec adverbe (ça goûte bon/mauvais/meilleur que…); on notera par ailleurs que les premières attestations de ces emplois sont sous la plume de puristes qui les condamnent comme anglicismes (Buies (1888) et Rinfret (1896), tous les deux dans la documentation du Trésor de la langue française au Québec).

 

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