- On le trouve dès 1836 :
D’ailleurs, qui ne tente rien, n’a rien. C’est clair. Attendre, c’est folie, c’est faire sentinelle près d’une porte qu’un autre plus malin que vous, aura
soin de vous enlever.
Maria Joubert, ou Les chagrins d’une jeune mariée. Tome 1 , Félix Servan
soit une centaine d’années après :
D’ailleurs, il est certain que dans presque toutes les situations de guerre, qui ne risque rien n’a rien : c’est ce que le feu Roy disoit, quand on lui rendoit compte de quelque action où il avoit paru de la témerité…
Pierre Claude de Guignard, L’école de Mars, 1725
et cet extrait de 1761 :
De même l’Amour peut bien
Rendre un Amant téméraire.
Allons, vogue la galère:
Qui ne risque rien, n’a rien.
Mazet, M. Ansaume.
-
le Ngram laisse supposer que la version avec risquer a prédominé jusqu’à la fin du XXe siècle où la version avec tenter a décollé, puis dépassé l’autre il y une dizaine d’années.
Je ne peux pas parler pour le reste de la francophonie, mais je peux témoigner que seule la version avec tenter me parait familière. Mon entourage semble aussi ne pas connaître la version avec risquer. Je reconnais être surpris car le changement est quand même récent.
Une recherche comparative de "qui ne tente rien n’a rien" et "qui ne risque rien n’a rien" dans les articles de presse laisse quand même supposer une différence notable de popularité entre les deux côtés de l’Atlantique :
Les 50 premières pages de la version avec qui ne tente proviennent toutes de France, de pays voisins ou africains alors qu’entre un tiers et la moitié des pages contenant la version avec qui ne risque proviennent du Canada.
- Je soupçonne que ce phénomène est du à une spécialisation du sens de l’expression il ne risque rien qui décrit plutôt quelqu’un face à un risque extérieur absent et pas quelqu’un d’actif pour lequel on préfère dire il ne prend pas de risque. Le verbe tenter lui garde la notion de risque et ajoute une composante d’initiative personnelle qui manque à risquer.
Risquer: A. 1. Exposer (un bien) à un risque.
Tenter: III., A. Entreprendre, avec l’espoir de la réussir, une action qui présente un caractère difficile ou périlleux.
On aurait alors tendance à avoir plus de respect pour quelqu’un qui tente quelque chose et qui fait donc preuve d’audace, plutôt que pour quelqu’un qui risque quelque chose et qui est peut-être plus irréfléchi. La tentative est optimiste, elle a le succès, parfois l’exploit pour objectif, le risque est pessimiste, il se focalise sur la menace, la possibilité d’une perte. On tente de gagner alors qu’on risque de perdre.
Il y a peut-être une différence culturelle. On valoriserait plus d’un côté et moins de l’autre la prise de risque.
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