“Il existe” est couramment utilisé en France sous la forme impersonnelle, suivi d’un COD:
Dans ce monde, il existe 10 types d’Hommes, ceux qui savent compter en binaire, et ceux qui ne savent pas.
La proposition “Je pense donc il n’existe pas moi” est incorrecte. Mais on pourrait dire :
Je pense donc il n’existe pas de moi
Cela implique qu’on insiste sur “un moi”, qui semble donc philosophique.
Je ne pense pas qu’il existe de limite à l’utilisation impersonnelle, pour aider à construire la phrase, on peut ajouter “Dans ce monde”, pour dire “il existe dans ce monde […]” ou “Dans ce monde, il existe […]”
Pour la forme négative, “il existe” est toujours suivit de “de” s’il y a un complement:
(Dans ce monde,) il n’existe pas d’ éléphants volants
il n’existe pas de poulemouth.
[…]
Par contre, en utilisant la forme personnelle, on ne met pas de “de”:
Les monstres n’existent pas
Certaines phrases se prêtent plus à l’utilisation de la forme impersonnelle, d’autres à la forme intransitive.
La construction impersonnelle est normalement suivie d’un complément qui confère à l’entité en question un caractère plus remarquable, ou tout du moins différent des autres.
Il existe des chats qui ont peur des souris.
Il existe des jours plus appréciables que d’autres.
Il existe un moyen efficace de s’en débarrasser.
Une phrase qui utilise « il existe » suivi d’un groupe nominal (sujet réel) mais sans complément/attribut du sujet réel n’est pas une phrase habituelle. On ne dit généralement pas « Il existe des chats » mais plutôt « Les chats existent ». Bien que cela arrive parfois, comme dans « Il existe des solutions », mais il y a une sorte de sous-entendu : « qui fonctionnent ».
Réciproquement, le sujet de la forme transitive est rarement caractérisé, sinon pour préciser sa nature. L’existence est plus fondamentale et n’est pas caractérisée parmi d’autres.
Ce risque de contamination existe.
N’oublie pas que j’existe.
Ce problème n’existe pas.
Exister n’est pas un verbe transitif, il n’admet pas de COD.
L’emploi “il existe …” est une forme impersonnelle, qui se forme avec des verbes d’état, ou de changement d’état comme exister (verbes qui indiquent soit la présence ou l’existence d’une chose, soit son arrivée, sa survenue):
L’emploi se fait à la troisième personne du singulier, même si le véritable sujet est au pluriel.
Cette construction n’est pas possible avec un pronom, comme demandé dans la question: Il existe moi. Elle est suivie d’un groupe nominal.
Verbes d’état:
Il apparaît des nuages = des nuages apparaissent.
Il transparaît un problème = un problème transparaît.
Il reste des points à traiter.
Il demeure quelques difficultés.
Autres formes:
Il faut une idée = une idée est nécessaire.
Il suffit d’une idée = une idée suffit.
Il est des questions délicates.
Il y a …, Il arrive …, Il survient …, Il advient …
Il manque un ingrédient = un ingrédient manque.
Il coule de la confiture = de la confiture coule.
Il tombe de la neige = de la neige tombe.
Il pleut des ennuis = des ennuis pleuvent.
un lien: francaisfacile
Une exception au non-emploi des pronoms: on peut employer des pronoms indéfinis (pas tous):
Il arrive tout, n’importe quoi.
Il apparaît autrui.
Il arrive quelque chose.
Il n’arrive rien.
Il n’arrive personne.
Voir sur Wikipedia les pronoms indéfinis et locutions pronominales indéfinies.
Il y a. Tout d’abord, ça ne semble pas un emploi inhabituel, Larousse note « Il existe quelqu’un, quelque chose, synonyme de il y a : Il n’existe pas de solution à votre problème. ». Le TLFi confirme : « − Par extension (sens atténué). Être, se trouver; en particulier tournure impersonnelle il existe « il y a ». ». Nous sommes dans la rubrique A.2 et ce qui est atténué est : « Courant [Assorti de coordonnées (espace, temps) et de modalités précises] Être dans la réalité, au monde. ». Quelques rubriques sur le site de l’Académie emploient il existe. La section étymologie au TLFi pour exister est plutôt brève ; on dit « être actuellement » 15e, 1760 « vivre ».
Hors de + être placé. Le DHLF dit du latin sortir de/se manifester, se montrer ; courant au 16e avec le complément de lieu, dans le sens de se trouver dans un lieu, vaut aussi pour se trouver à un moment donné ; puis 17e pour avoir une réalité qui était rare avant ce moment ; 18e pour vivre, et avoir de la valeur pour etc. (Dictionnaire historique de la langue française, dir. A. Rey, aux ed. Le Robert). On a non seulement le synonyme d’un emploi impersonnel (il y a), mais aussi l’évolution du verbe exister s’appuie-t-elle sur la sémantique de verbes dont l’emploi est pronominal. On observe que il existe diffère uniquement de il y a comme morphème de présentation par l’absence du pronom y qui a de toutes façons essentiellement perdu sa valeur locative (LBU14). En langue littéraire on peut souvent utiliser il est + nom au lieu d’il y a, sauf quand ce dernier représente une durée, une distance (LBU14). Que le verbe soit généralement intransitif n’empêche pas l’emploi ou le mode impersonnel ici, et il s’agit d’une locution davantage figée où l’analyse du pronom et du sens est souvent peu fructueuse. Il peut arriver qu’avec une phrase particulière on oscille entre une lecture de la sémantique d’exister par opposition à une simple construction synonyme de il y a. Sans doute que plus il existe (et sans doute il y a) se détache du contexte de la présentation (comme en début de phrase), et a fortiori si on altère le mode du verbe et les pronoms en remaniant, plus il paraîtra inusité, la locution s’étant simplement étiolée, à mon avis…
R: Premièrement, Oui. Deuxièmement, je dirais que la limite est l’intégrité morphologique (la position du pronom etc.) et syntaxique (la position souvent en début de phrase), mais je n’ai pas l’expertise pour l’étayer. Enfin, je dirais que la négation ne va pas dans le sens de l’idée de présentation (…de l’absence ?) et qu’elle l’affaiblit. Il n’y a pas (une, d’, …) armée qui puisse m’en empêcher est-elle si étrange sans déterminant, n’est-ce pas aucune que cela au final ? Je pense donc n’existe aucun moi ? Le moi y est substantivé et sa fonction est donc différente, le tout peut-être ambigu à souhait, quoiqu’on aime bien…
Leave a comment