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What is the capital of Tunisia?

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What is the capital of Tunisia?

Pourquoi certaines suites de sons trompent-elles notre découpage (à l’oreille) des mots ?

Avertissement : la réponse dévoile le jeu de mots.


Bien un peu comme avec la phrase trompe-l’oeil, on a ici la phrase trompe-oreilles :

Un trompe-oreilles est une phrase difficile à comprendre, souvent
formée de monosyllabes, qui donne l’impression d’être en langue
étrangère ou d’avoir une autre signification.

On trouve des variantes dans l’article, par exemple :

– Tes laitues naissent-elles, Estelle ?
– Oui, mes laitues
naissent.
– Si tes laitues naissent, mes laitues naîtront.

– Sous un arbre, vos laitues naissent-elles ? (On comprend : « Sous un
arbre volait une Estelle »)
– Si vos laitues naissent, vos navets
aussi naissent !

[ Wikipédia – « trompe-oreilles » ]

On remarque la confusion avec un nom de personne (dans la question, « telle est une Estelle ») et la possibilité de construire la phrase avec le verbe plus usuel au lieu du légume comme sujet (vos laitues/volait une) surtout si on a déjà le complément de lieu.

Personnellement je trouve le « télétunestel » insolite ou exotique; et je forme facilement « télé(vision) » avec les sons. Et je ne suis pas étonné de voir dans l’article une référence à François Pérusse ("Ressemble à du latin : « Alevasesquidistus » – François Pérusse"). Enfin, ça m’a été présenté davantage dans le contexte d’un jeu de construction où on ajoute des « blocs » (similairement à d’autres tours que j’ai déjà par exemple observés en chanson) :

– Tes laitues naissent-elles ?
– Oui mes laitues naissent.

Tes laitues naissent-elles là ?
– Oui mes laitues naissent là
?
– Là où tes laitues naissent, tes laitues naissent-elles bien
?
– Oui là où mes laitues naissent, mes laitues naissent
bien.
etc.

Ce n’est pas un mythe, mais un exercice que certains francophones adorent : jouer sur les mots, jouer avec les mots, de leur sonorité, du rythme qui les relie, des confusions possibles et souvent salaces, de juxtapositions sonores qui peuvent avoir plusieurs graphies… bref du rapport de l’oral (vécu à un moment, dans un contexte) et de l’écrit (cadavre de l’oral qui capte l’esprit de celle ou de celui qui lui redonne vie par son souffle).

Beaucoup d’exercices de diction utilisent ce genre d’exercice pour exercer la musicalité, travailler sur les multiples prononciations possibles, sur l’intonation, l’intention …

Toute sentence, interrogation dite hors contexte (en dehors de ce que l’auditeur peut s’attendre à entendre) amènera une ‘relecture mentale’, une décomposition phonétique pour assembler les phonèmes audibles entre eux, qui par la malice du locuteur, se trouvera n’être pas celle que ce dernier à mentalement formulé par écrit.

Ce qui indique que ce genre de test n’a de valeur qu’aux yeux de celui qui le conçoit, de plus il ne fonctionne qu’une fois ; après l’autre rentre dans le jeu (certains se lassent rapidement) ou vous tourne le dos.

Le grand oracle Oulipo usera du naphtalène contre les mythes de votre question.

Cette phrase peut être plus ou moins difficile à comprendre selon la quantité de pièges qui y figurent et les libertés que l’on prend avec la prononciation.

Dans la version que je connaissais, par exemple, on disait :

Au pied de cet arbre, vos laitues naissent-elles ? Si vos laitues naissent, tels navets naîtront.

Avec les liaisons, la prononciation de “vos laitues naissent-elles?” est identique à celle de “volait une Estelle” (c’est ce que l’on appelle une holorime). Un “Estelle” qui vole n’a pas beaucoup de sens, mais la phrase est prise en dehors de son contexte. Or “volait” est un terme plus “courant” que “laitue”, donc on s’accroche au premier mot que l’on identifie et on essaie de donner du sens à la suite. De même, “une” est un mot très courant alors que relativement peu de mots se terminent par le son “u” (la liaison est donc très rare). C’est donc la présence d’un grand nombre de liaisons peu fréquentes qui rend la phrase difficile à décortiquer, un peu comme dans une version latine (teteroromamanunudadatetelalatete).

La prononciation sert ensuite (volontairement ou non), à guider l’auditeur sur la mauvaise voie. D’une part, en marquant un minuscule temps d’arrêt entre lait-uesnaissent. D’autre part en n’accentuant pas la forme interrogative (si on insistait sur l’interrogation, la présence du “elles” en fin de phrase serait plus facile à interpréter). Une grosse partie du piège vient donc de la prononciation.

En parlant rapidement et grâce aux liaisons, “tes laitues naissent-elles” se prononce comme “telle est une Estelle!”. Ici aussi, l’intonation interrogative devrait aider à faire le découpage, mais hors contexte c’est difficile vu que l'”Estelle”(élément le plus incongru) n’arrive qu’en fin de phrase. Les phrases qui débutent par “tel est” sont toutefois assez rares, donc on glisse moins facilement dans ce piège.

Tout le secret de ce genre de phrase en français, est ce qui rend le français comparable à une musique. On peut jouer lié ou détaché. Le français est une langue liée. Chaque mot, en principe, s’emboîte dans le suivant.
ça perturbe énormément ceux qui apprennent le français! Et ça donne peut-être un petit charme supplémentaire à la langue. Les mystères du français. Une langue qui est capable de transformer ses mots, pour qu’ils sonnent mieux!

Si le français était une langue où on détache clairement les mots, “Tes laitues naissent elles”, serait plus clairement audible, mais beaucoup moins euphonique.

 

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