Tout d’abord, j’aimerais revenir sur un point:
“Et près de 30 ans plus tard un ngram montre que l’ancienne graphie
s’impose toujours malgré un sursaut lors de la rectification
possiblement dû au fait de présenter à l’écrit la nouvelle graphie.”
L’Étymologie du mot « veto » vient du latin veto (« j’interdis »). Il est employé (Par extension) pour exprimer une opposition catégorique.
Les rectifications orthographiques du français en 1990 recommandent une nouvelle orthographe pour certains mots du français afin de la rendre plus simple ou d’en supprimer certaines incohérences. Elles ont pour origine un rapport du Conseil supérieur français de la langue française, publié dans les Documents administratifs du Journal officiel de la République française du 6 décembre 1990.
Elles ont pour objectif de rectifier l’orthographe de certains mots, sans pour autant être une réforme. Elles veulent notamment permettre de lever l’ambigüité de la signification ou de la prononciation de certains mots.
Lors de ces dernière, ils a été décidé que le mot « véto » devraient dorénavant s’écrire « veto ».
« véto » pouvant également être utilisé en tant qu’abréviation familière pour un vétérinaire (véto’ pour un respect formel de la typographie d’une abréviation familière).
Le ngram suivant me parraît donc être parfaitement cohérent:
Sources:
- Annexe:Rectifications orthographiques du français en 1990
- Rectifications orthographiques du français en 1990
- veto – Wictionnaire
- Véto – Wikipédia
- Google Ngram Viewer: droit de véto,veto,véto,droit de veto
J’ai choisi quelques termes parmi ceux proposés par l’Office Québécois de la langue française et ai décidé de comparer non les fréquences absolues d’emploi, mais plutôt les fréquences relatives de la nouvelle orthographe dans le temps, en fonction de la fréquence des deux orthographes. Selon la formule mathématique suivante, donc :
- accent / (traditionnel + accent)
Pour le test, j’ai choisi les termes suivants, un peu par goût personnel, un peu par popularité pressentie du terme dans l’usage habituel, un peu par curiosité pour certains termes inattendus :
- véto
- à priori
- à capella
- artéfact
- facsimilé
- kébab
- sombréro
- spéculum
Voici les résultats :
Surprenamment, la grande majorité de ces termes semblent avoir eu un sommet de popularité pour la version accentuée dans la première moitié du XXe siècle.
- artéfact, facsimilé et spéculum dans les années 1910
- kébab à divers moments entre 1900 et 1939 environ
- à capella dans les années 1920
- à priori dans les années 1940, avec un long plateau s’étendant de 1933 à 1958
Sombréro est apparemment inusité, et je l’avais ajouté par curiosité, l’orthographe rectifiée m’ayant semblé un très mauvais choix qui ne respectait pas la prononciation que j’utilise systématiquement et la seule que j’entends dans mon entourage, soit /sɔmbʁɛʁo/ some-brè-ro, et non /sɔmbʁeʁo/ some-bré-ro. Il semble que la Francophonie ait eu la même réaction que moi.
Quant à véto, il semble avoir connu son apogée plus tard, dans la fin des années 1980, et contrairement à l’hypothèse voulant que les rectifications de décembre 1990 aient été à la source d’un regain, il semble plutôt qu’elles en aient sonné le glas.
Tendances et présences de l’accent
Fasimilé et spéculum
Parmi les huit cas, on constate que seuls facsimilé et spéculum étaient majoritairement accentués en 2008.
Facsimilé a été relativement stable depuis 1900 (l’ensemble de la période considérée ici), la version accentuée dominant pour l’ensemble de la période à l’exception de quatre années (1952-53, 1964, 1974) pour lesquelles facsimile fut très faiblement plus présent.
Si l’on considère la très possible transformation du son é en un e muet à cause de sa position en finale, on pourra comprendre que l’accentuation ait été ici assez majoritairement pressentie comme utile, et que l’on ait pas attendu le sceau d’approbation de l’Académie ou d’autres institutions linguistiques socialement respectées pour l’introduire.
Spéculum, après une descente commençant en 1974 et aboutissant à une période creuse de 1988 à 1993 (36% d’accentuation malgré tout), soit étonamment les quelques années avant et après les rectifications orthographiques, a recommencé à gagner du terrain par la suite. L’accentuation était redevenue majoritaire en 2000, et a continué sur une lancée qui lui assure le sommet du classement parmi les huit termes de l’échantillon pour 2008, avec 63%.
Artéfact, kébab, à priori, à capella, véto
Dans ce groupe, seul kébab a été majoritaire en quelque moment que ce soit depuis 1900. Mais ça commence à dater : alors que de longues périodes l’indiquent dominant dans la première moitié du XXe siècle, ce ne fut plus le cas depuis 1953, et malgré un faible regain dans les années ’70, l’accent fut de plus en plus mis de côté, au point que 2008 le montre à son plus bas niveau depuis 1900, avec 5%. En dépit de ce creux, on sera peut-être surpris de le trouver encore alors au deuxième rang du groupe quant à l’accentuation.
Si on compare maintenant la présence en 2008 à celle des quelques années précédant les rectifications orthographiques, on découvre une autre curiosité : à l’exception d’artéfact et dans une moindre mesure d’à capella, tous sont moins accentués en 2008 qu’ils ne l’étaient en 1990-91, et même les deux cas en légère remontée ont dû passer par un creux dans les années ’90.
En fait, tout semble indiquer que les rectifications orthographiques de 1990, controversées et vigoureusement critiquées, avec un taux d’opposition atteignant encore 82% dans la population française selon un sondage tenu en février 2016, ces rectifications disais-je, loin de faire la promotion de l’accentuation, ont plutôt informé à plus grande échelle la population francophone que ces mots ne comportaient traditionnellement pas d’accents et qu’on acceptait désormais officiellement qu’ils en aient. Dans la foulée du rejet de la nouvelle orthographe, on en serait peut-être venu à modifier même son propre usage personnel afin de la conformer aux règles qui avaient cours avant (les bonnes règles), plutôt qu’aux nouvelles règles (les méchantes règles). C’est sûrement un peu simplificateur, mais ça explique sûrement une partie de la situation.
En effet, pour tester mon hypothèse, je me suis penché sur des changements d’accents établis par les rectifications de 1990. Si l’on songe aujourd’hui à l’orthographe évènement, elle me semble bien peu sujet à des prises de positions fortes la décriant. Elle correspond bien mieux à la prononciation du terme que le plus classique événement. La théorie du rejet en bloc pourrait être renforcée si l’on observe qu’une modification aussi mineure et naturelle que celle qui donne une pichenette vers la gauche au second accent d’événement a aussi subi une descente et demeure encore controversée en 2008. J’ai ajouté règlementaire à la recherche pour un deuxième avis. Je laisse au lectorat le soin de voir pour eux-même leur position et celle qu’il présume à la population en général, mais je mentionne que le résultat m’a surpris : quand j’ai songé à ce test, je m’attendais à ce qu’il démolisse mon hypothèse. Et ce ne fut pas le cas.
Force est d’admettre que 1991 est une année charnière sur l’ensemble de ces courbes : elle marque le début d’un déclin qui continuera pendant près d’une décennie. Et même si une graphie comme évènement semble remonter la pente, on est encore loin de la coupe aux lèvres avec le maigre trois et des poussières pourcent d’utilisation de la nouvelle accentuation, pour naturelle qu’elle puisse objectivement sembler.
Sombréro
Oui bon… Pas grand’chose à en dire.
Conclusion
Un phénomène de rejet des rectifications semble bien avoir eu lieu. À tort ou à raison (plutôt à tort selon moi, mais mon opinion importe peu), la correspondance prononciation-orthographe semble de peu d’impact par rapport au respect dû au
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