L’expression « un pain amer » connaît des fortunes diverses dans les langues européennes. Elle est associée le plus souvent à la douleur de l’exil. Elle appartient à un fonds commun de la culture européenne qui trouve sa source dans La Divine Comédie du Dante, plus précisément , dans le chant XVII du Paradis :
Tu lascerai ogne cosa diletta
più caramente; e questo è quello strale
che l’arco de lo essilio pria saetta.
Tu proverai sì come sa di sale
lo pane altrui, e come è duro calle
lo scendere e ‘l salir per l’altrui scale.
Dans les traductions françaises, on retrouve souvent l’image du pain amer pour rendre les vers du Florentin :
« Tu seras obligé d’abandonner ce qui te sera le plus cher : c’est la première flèche que lance l’arc de l’exil. Tu apprendras combien le pain étranger est amer et combien il est dur de monter et descendre l’escalier d’autrui. » (Traduction d’Artaud de Montor, début du 19e siècle.)
« Tu éprouveras combien le pain de l’étranger recèle d’amertume, et quel dur chemin c’est de monter et de descendre l’escalier d’autrui. » (Traduction de Saint-Mauris, milieu du 19e siècle.)
« Tu éprouveras combien d’autrui le pain est amer et quel dur chemin est le monter et le descendre par l’escalier d’autrui. » (Traduction de Lamennais, milieu du 19e siècle.)
« Tu sentiras alors quel sel amer on goûte
Au pain de l’étranger, et quelle dure route
De descendre et monter par l’escalier d’autrui ! »
(Traduction de Ratisbonne, milieu du 19e siècle.)
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