Médecienne est un mot que l’on rencontrait dans le français du moyen-âge mais qui n’a pas survécu.
Tout le monde fait esmerveillier
En Salerne, n’a Monspellier
N’a si bonne fisicienne
Tant soit bonne médecienne
Tous ceux sanes (guéris)
cui tu atouchesGauthier de Coinsi, Miracles de Notre-Dame, d’après Mélanie Lipinska, Histoire des femmes médecins depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, Librairie G. Jacques et Cie, 1900, p.117
J’y vois plusieurs raisons :
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l’impossibilité pour les femmes d’exercer la profession de médecin pendant des siècles a tôt fait tomber ce mot dans les oubliettes. Médecienne est absent de tous les dictionnaires de l’Académie. On trouve médicienne dans le dictionnaire du moyen français.
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médecienne est le féminin de l’hypothétique médecien (de garde
) qui ne s’écrit pas (ou plus) comme ça.
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le féminin régulier médecine a aussi été utilisé pour femme-médecin, cf Godefroy mais entre en conflit avec la science du même nom et le sens, perdu en français moderne, de médicament.
Parmi les synonymes oubliés de médecin acceptant les deux genres, on trouve aussi médecineur/médecineresse et mire/miresse
Dire que la forme médecienne
est rare voire désuète est le moins qu’on puisse dire, car, semble-t-il, elle n’existe dans aucun des principaux dictionnaires connus depuis le XVIIIe siècle (Académie, Littré, Robert, Larousse), ni même dans le dictionnaire reconstitué du français médiéval (DMF).
En admettant qu’on le trouve dans des écrits très anciens, ce terme doit donc être plutôt considéré comme un terme de “patois”, c’est à dire localisé sur un territoire restreint, peut-être en langue d’Oc médiévale, mais non comme un substantif appartenant ou ayant appartenu à la langue française proprement dite.
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