Au début, j’ai pensé à « délabré » (et je ne suis pas le seul).
En mauvais état, qui tombe en ruine. Synonyme vétuste.
Mais en fait, dans la chanson, c’est bien « délatter » :
Retirer les lattes de quelque chose. Ex. Retirer les lattes du lit.
Il s’agirait donc d’un hôtel dont les lits n’ont plus de lattes… Je trouve que c’est une bien piètre expression. (Peut-être à la mode dans les années 70 ? En tout cas, les quelques références trouvées par Google pour « hôtel délatté » correspondent toutes à cette chanson…)
The verb “délatter” means “enlever les lattes” (= removing the slats). Clearly an “hotel délatté” is at the lower end of the market.
The expression comes from the slatted base bed. If you remove the slats, it is no more comfortable!
La verbe « délatter » veut dire « enlever les lattes ». Clairement un « hôtel délatté » serait à l’extrémité inférieure du marché.
L’expression vient du lit « sommier à lattes ». Si on retire les lattes, il ne serait plus confortable !
En effet, « délatter » signifie « enlever les lattes », mais à le terme s’applique aux lattes de toit (roof tiles, slates), non pas de lit (slats) [réf].
Cela dit, impossible de savoir exactement ce que JL Aubert avait en tête quand il utilisait l’expression. Il est tout à fait possible qu’il ait eu l’intention d’évoquer l’état des lits (mais dans ce cas-là, pourquoi ne pas dire plutôt « dormir dans un lit délatté », plutôt qu’un « hôtel délatté »).
Dans les deux cas, elle est assez imagée (peut-être typique de l’argot de l’époque?) pour évoquer un hôtel en mauvais état…
Il utilise plus probablement « délatté » en allusion à l’état des dormeurs ou de l’ambiance, comme dans « être défoncé, ou délatté », grisé, ivre, en trance.
Voir les paroles d’une autre chanson de H.F. Thiéfaine, « Solexine et Ganja » :
Le blues m’a délatté mais c’est sans importance
Quand la bière est tirée il faut finir son pack.
Ou encore la chanson « Zazou » de Richard Gotainer :
C’est l’employé du gag délatté par le swing.
J’ai l’impression que l’on cherche à faire entrer la licence poétique dans une normalisation ISO-ISBN-QQCH.
Bien sûr latte symbolise une planche (ou une ferraille) longue et étroite
“à grand coup de latte dans l’train ” expression argotique du millénaire passé, pour “botter les fesses” qui vient de (Emile Littré) :
“Il se dit quelquefois pour instrument de bastonnade.
♦ Je fus condamné en plein divan à cent coups de latte sur la plante des pieds, rachetables de cinq cents sequins, VOLT., Scarmentado. “
et puis :
♦ Fig. Grand sabre de cavalerie droit et étroit.
Notre hôtel aurait donc subit des assauts “cavaliers” (le comportement cavalier manque de respect, particulièrement pour les dames), son état de dégradation en serait les traces, ce serait donc un bordel, un endroit glauque, canaille?
latter (verbe) toujours selon Émile Littré :
Garnir de lattes, mais surtout : Terme de marine. Empiler des planches dans un port avec ordre et de manière que l’air puisse circuler entre elles.
Si notre hôtel n’est plus latté correctement, l’air qu’on y respire ne devrait pas être si bon que cela.
Il commence à me plaire, cet hôtel, histoire d’une vie nocturne, où l’on peut se faire latter (et donc en sortir délatté), face obscure d’une vie que l’artiste dévoile.
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