À ma connaissance il n’existe pas de “reconversion” de ce pronom.
Par contre cet usage irrégulier est relevé par certains dictionnaires :
http://www.cnrtl.fr/definition/se
Rem. ,,Le langage populaire met souvent, dans les verbes pronominaux à l’infinitif et au participe présent (ou gérondif), le pronom se où l’accord normal demanderait l’un des pronoms me, te, nous, vous: Nous étions toujours à se disputer. En se pressant un peu, vous arriverez à temps. Cet usage irrégulier se manifeste parfois même dans la langue littéraire: Je me plais… sans se plaire. Ça dépend comme (H. Lavedan, Leur Cœur, p. 101)“ (Grev. 1969, § 600, note 1). […]
À mon sens si c’est un usage irrégulier qui ne se justifie en aucune façon, il s’agit d’une erreur.
L’explication tient vraisemblablement à une assimilation de nous à on, la phrase étant alors :
(Nous,) On a fourni des moyens mathématiques les plus simples possible afin de se doter de possibilités immédiates de raisonnement, cependant sans trop sacrifier à la rigueur.
Dans ce cas, se est pleinement justifié : on se dote de possibilités.
Une autre hypothèse peut être la phrase :
Nous avons fourni des moyens mathématiques les plus simples possible afin qu’on se dote de possibilités immédiates de raisonnement, cependant sans trop sacrifier à la rigueur.
dans laquelle qu’on se dote évolue naturellement vers de se doter.
L’éloignement entre le nous et le se rend moins sensible leur discordance mais une phrase comme :
Avec mes collègues coréens, pour se comprendre, nous parlons anglais.
ne choque plus grand monde.
Une rapide recherche sur Google Books rapporte quelques exemples de ces amalgames nous/on :
Si l’on vient pour se battre, nous nous battrons. Notes et études documentaires, Numéros 3086 à 3115, p 62, 1964.
Pour se laver, nous devions casser la pellicule de glace qui s’était formée pendant la nuit., Isabelle Soulard, Les femmes de l’Ouest sous l’Occupation, 2002.
Pour se laver, nous devons attendre que quelqu’un parte au puits chercher de l’eau, Moussa Boureima, *La pagne de Barbara, 2006.
Une ultime visite pour se reposer nous conduira aux lacs Myvatn et Askja, à la table volcanique de Herdubreid et au mont Krafla.
Est-ce qu’il existe une « reconversion » récente de ce pronom qui fasse qu’il faille l’interpréter comme un pronom de la 1re personne du pluriel ?
Oui, et cette assimilation n’est pas nouvelle au moins en français parlé.
ou s’agit-il plutôt d’un glissement collectif qui « amène » le pronom dans cette catégorie et qui pour l’instant n’est donc qu’une erreur ?
Il s’agit bien d’une évolution, plus précisément d’une irrégularité causée par la disparition de nous sujet en français où on est utilisé pour nous dans plus de 99% des cas à l’oral. Il ne s’agit donc pas pour moi d’une erreur, ton kilométrage peut varier 😉
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