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What is the capital of Tunisia?

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What is the capital of Tunisia?

« Le Loyre » de Joachim du Bellay

Vu la comparaison avec Le Tybre, je pense qu’on peut raisonnablement estimer qu’il parle de la rivière (curieusement, en plus de la Loire, il existe une Loyre en Corrèze mais j’imagine qu’il ne parlait pas de celle-là). Quant à l’utilisation du masculin… peut-être que le genre du nom n’était pas encore bien fixé à l’époque? Ou qu’il considérait que tous les fleuves devaient être masculins?

Mais plutôt que d’essayer de deviner, je pense que le plus simple est de chercher d’autres utilisations de Loyre dans ses textes.

On trouve par exemple:

Loyre fameux, qui ta petite source
Enfles de maintz gros fleuves et ruysseaux,
Et qui de loing coules tes cleres eaux
En l’Ocean d’une assez vive course:

Ton chef royal hardiment bien hault pousse
Et apparoy entre tous les plus beaux,
Comme un Thaureau sur les menuz troupeaux,
Quoy que le Pau envieux s’en courrousse.

Commande doncq’ aux gentiles Naïades
Sortir dehors leurs plbeaux palais humides
Avecques toy, leur fleuve paternel,

Pour saluer de joyeuses aubades
Celle qui t’a, et tes filles liquides,
Deifié de ce bruyt eternel.

Où on voit clairement que notre bonhomme considère la Loire le Loyre comme masculin, et paternel de surcroit.

Un autre livre semble aborder le sujet directement.

A la double combinatoire Loire/Tibre et Lyré/Palatin du Bellay superpose une double comparaison fleuve/ville Rome/Gaule (puisque Lyré est son village natal et que “les regrets” ont été composés à Rome).

Cette double symétrie est rompue si on n’interprète pas Loyre comme le fleuve. Il y a bien un autre cours d’eau nommé Loyre aujourd’hui, mais la Loire est beaucoup plus proche de Liré que la Loyre.

S’agissant d’un des plus célèbres poètes du bord de la Loire, je ne pense pas qu’il y ait le moindre doute sur le fleuve dont il s’agit (et le parallèle avec le Tibre garantit plus ou moins qu’il s’agit d’un fleuve). À noter que dans un autre poème (portant clairement sur le fleuve en question), Bellay donne aussi du masculin:

Au fleuve de Loire

Ô de qui la vive course

Prend sa bienheureuse source,

D’une argentine fontaine,

Qui d’une fuite lointaine,

etc

À vrai dire, il n’est pas particulièrement clair que la Loire devrait être féminin. En général, le genre des toponymes est hérité du mot qu’ils représentent (ex: "la ville de Paris" => "Paris meurtrie" etc.). Puisqu’il s’agit d’un fleuve, le masculin serait logique (comme pour le Rhône ou le Rhin). Le féminin évoquant plutôt une rivière (cela dit: nombre d’autres "fleuves" sont au féminin, je sais)…

J’imagine que pour une raison ou une autre, ce masculin est devenu féminin après la Renaissance.

Pour ce qui est de l’orthographe, les cartes de Cassini (1750-1790), utilisent déjà Loire. Il en est de même avec une carte fin XVIème (il faut sortir la loupe).

Cependant, j’ai trouvé dans un livre de 1580, le De la demonomanie des sorciers par J. Bodin Angevin, une référence à Fleury sur Loire, qui est en bord de fleuve, en tant que Fleury-sur-Loyre.

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[…]s’appelait Gilbert, c’était un moine de Fleury sur Loyre, qui avait bien étudié en sa jeunesse, qui fut pédagogue de Robert […]

Possible que l’ancien français en Loyre soit resté dans le patois angevin qui devait être répandu alors.

bah Liger est le mot latin masculin qui est l’origine du mot Loire, et Du Bellay ne l’ignore pas 😉

Du Bellay n’est pas lui-même cohérent sur le genre du nom du fleuve (la concordance trouve plus d’occurrences), puisqu’il écrit aussi :

Tout au plus pres, où Loyre plus profonde [Chant Triomphal, 171]

Et ce n’est pas qu’il confond avec le Loir :

Du Lot, du Loyr, de la Touvre, et de Loyre [Vers Lyriques, “La Louange du feu Roy François et du Treschrestien Roy Henry”, 12]

Je n’ai pas de référence là-dessus, mais je soupçonne que le genre était fluctuant à l’époque, en train de couler du masculin hérité du latin vers un féminin peut-être influencé par la finale -e ou par le risque de confusion avec le Loyre et le Loir.

Moi je dirais qu’il s’agit du Loir, la famille du Bellay possédait un château du coté de Lavenay, sur les bords du Loir et du Tusson, où il aimait à rencontrer Ronsard dont la maison natale de Couture sur le Loir est toute proche…

J’ai toujours entendu expliquer, soit au lycée soit en fac, que Du Bellay désignait “LE Loir”.

L’argument qui me paraît le plus convaincant, c’est que si on y voit la Loire, les comparatifs des deux derniers tercets perdent toute leur cohérence. En effet, à chaque fois, Du Bellay compare un emblème glorieux & imposant de Rome avec des petites choses de son Anjou natal.

Il n’y aurait aucun sens, dans ces conditions, à mentionner la Loire, fleuve nettement plus impressionnant que le Tibre, ayant à la fois une longueur et un débit bien supérieurs.

 

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