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What is the capital of Tunisia?

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What is the capital of Tunisia?

Imposer une « chape de silence » ?

La Chape de plomb est, à l’origine, un instrument de torture du Moyen-Âge. De lourdes plaques écrasant la cage thoracique de la victime.

Ainsi, cette expression est utilisée pour désigner l’oppression, la servitude.

On l’utilise également pour désigner un fardeau moral.

Et… Le silence (imposé).

L’expression Chape de Silence est donc, à mon sens, un non sens.
On la rencontre d’ailleurs presque uniquement dans les articles de journaux, pas dans la littérature.

Elle ne fait son apparition que très tard, selon Google Ngram

Enfin, pour répondre a ta dernière question, je te laisse chercher ici 🙂 :
Google Books : Chape de plomb

Une chape, c’est à l’origine la tête (Le latin caput ayant donné cap/chief/chef…) d’un clou. C’est la partie haute, aplatie qui le recouvre une fois planté.

Le mot chape est donc apparenté à toutes sortes de choses qui recouvrent, un chapeau, un chef, une cape, un chapiteau, un chapitre, etc.

On a revêtu des condamnés d’une cape/chape de plomb qui les étouffait, mais ce pouvait aussi être des ecclésiastiques qui revêtaient une cape plus classique, une chape de velours.

Le mot chape s’est ensuite spécialisé pour désigner une couche épaisse, s’éloignant de vêtement.

Une chape de ciment
Une chape de béton

L’instrument de torture n’a subsisté qu’au sens figuré, pour recouvrir et étouffer d’une “couche de plomb” virtuelle ce qui se trouve dessous

Une chape de plomb

La français étant une langue vivante, rien n’interdit d’étendre encore cette image pour désigner quelque chose qui recouvre d’une couche plus ou moins abstraite :

Une chape de fumée
Une chape de silence
Une chape d’oubli
Une chape d’invisibilité (qu’Harry Potter ne renierait pas…)

La chape de silence: une expression inutile ?

On propose en une autre réponse que la chape de plomb possédant, dans son arsenal d’effets directs, celui d’imposer le silence, l’expression figurée chape de silence serait inutile, inutilité que l’on justifie et renforce par l’affirmation qu’on rencontre surtout l’expression en journalisme (genre moindre, je suppose) et moins en littérature.

Je perçois la chose différemment. La chape de silence, pour un, ne tue pas directement. Elle pourrait possiblement mener à la mort par une succession d’effets (si par exemple il n’est pas permis de parler d’une famine, on pourra s’attendre à ce que bien peu d’aide extérieure vienne soulager les souffrances, et que des gens meurent d’inanition), mais le plus souvent, c’est tenter de briser la chape de silence qui pourrait s’avérer risqué pour la vie.


De la chape et la chape de plomb à la chape de silence

La chape, on l’a dit dans la question, est une sorte de manteau. Un manteau isole le corps de l’environnement.

La chape de plomb, instrument de torture au sens premier, fut nommée d’après la chape vêtement par analogie de forme, non par souci d’isolation. En son sens figuré, il s’agit d’un fardeau moral écrasant, difficile à porter, ruinant plus ou moins l’existence en débordant dans tous les aspects de l’existence de quelqu’un.

En une sorte de fertilisation croisée, la séparation physique offerte par le manteau et l’oppression de la torture peuvent facilement mener à la chape de silence. On abandonne l’aspect réconfortant, chaleureux, de la cloison offerte par le manteau, mais on laisse aussi de côté le poids physique et les intentions de mort de la chape de plomb. On insiste plutôt sur l’étanchéité du premier, et le caractère oppressif du second.

La chape et la chape de plomb contribuent tous deux à la signification de la chape de silence, mais partiellement dans un cas comme dans l’autre.


De la matérialité du silence

On pourra arguer que le silence est bien peu substantiel, qu’un son suffit à le briser, tout comme l’obscurité n’est qu’une absence de lumière que la moindre lueur anéantit.

Ça me semble néanmoins faire bien peu de cas du silence. Depuis déjà longtemps un proverbe le dit d’or. On parle aussi parfois d’un silence lourd ou pesant. Plus récemment, depuis le début du XXe siècle, une autre image émerge : le silence assourdissant. En voici un exemple signé Léon Deubel, datant de 1913, auquel on ne saura reprocher d’émaner du journalisme :

Main tendue à ceux qui s’élancent
Hors de l’in-pace de la chair,
Pour s’évader dans le silence
Assourdissant des univers,
        Poésie !

Par ailleurs, les parents savent bien qu’il faut savoir entendre le silence : c’est lorsque les enfants sont silencieux qu’ils manigancent des actions qu’ils savent ou supposent interdites par leurs parents. Gare à ceux qui savoureront le soudain silence comme un moment de répit dans le vacarme habituel du quotidien !


La chape de silence oppressante

On supposera un désir d’imposer le silence quand un événement présumé important n’est pas documenté, discuté, débattu, commenté, commémoré. Ce n’est pas une chape de plomb. Le climat est sans doute contraignant et oppressant, un gouvernement peut utiliser la torture, l’emprisonnement préventif et toutes sortes de moyens douteux pour l’imposer, mais ce n’est pas systématiquement requis. La honte d’une communauté pour les actes de certains de ses membres peuvent aussi créer une chape de silence auto-imposée. La simple crainte de perdre son emploi pourrait avoir les mêmes effets pour des employés de certaines compagnies.

Le silence en certaines circonstances surprend, et la chape de silence me semble une hypothèse défendable dans certains cas pour justifier ce silence inattendu.


Quelques exemples (non ! pas véritablement de la littérature !) :

L’auteur en rend responsable, outre ses propres scrupules, une persécution dont il aurait été victime et qui aurait éteint l’oeuvre à peine née sous une chape de silence.
    —Revue d’histoire littéraire de la France, 1968

C’est elle qui a soulevé la chape de silence qui pesait si durement à tous. Car c’en est fini du silence auquel on prétendait nous réduire.
    —L’Humanité : journal socialiste quotidien, 1915

Possiblement auto-imposée :

Est-il nécessaire d’ajouter qu’aujourd’hui une chape de silence est tombée sur les noms de ceux qui, de près ou de loin, sont responsables de la destruction des allégories de la Justice et de la Force ? Peut-être cela prouve-t-il, de leur part, un certain remords accru par le lent revirement d’opinion qui s’exprime depuis quelques années en faveur des œuvres inutilement saccagées.
    —Bulletin de la Société académique des Hautes-Pyrénées, 1999


La chape de silence simplement enveloppante

Parallèlement à la chape de silence imposée existe la chape de silence impromptue, un ange qui passe :

Un moustachu impertinent – se souvenant peut-être d’un temps où l’on parlait de « ski de printemps » – pose une question stupide, qui fait tomber une chape de silence : « Au fait les gars, on est d’accord pour l’épreuve olympique de ski-alpinisme à Bercy. Mais vous voyez ça plutôt en hiver ou en été ? »
    —Causses et Cévennes : revue du Club cévenol, 1985

Pas forcément négatif, d’ailleurs :

Les rues sont désertes et la montagne étend sur la petite ville stupéfiée une chape de silence.
    —La Montagne et Alpinisme : revue du Club alpin français et du Groupe de haute montagne, 1994

L’heure des saluts sonnait aux paroisses. Heure aussi des sabots, petits sabots d’enfants, lourds sabots d’ouvriers, lents sabots traînés de vieilles femmes et qui se mettent à tricoter la chape de silence où tantôt s’endormira la ville…
    —Femina : publication bi-mensuelle illustrée, 1910

 

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