Politicien est péjoratif lorsqu’il est accolé à politique : la politique politicienne en est la pire expression : cela sous-entend que la politique n’est pas au service du peuple, mais au service des politiciens.
Dans l’environnement actuel un politicien s’occupe plus de ses intérêts (ou au moins uniquement ceux de son parti) que des intérêts de ceux qui l’ont élu, il manipule les règlements et les média à des fins pas toujours avouables ou en désaccord avec son discours.
Il reste homme politique pour parler de quelqu’un qui honore son mandat, ou homme d’état pour souligner un engagement et une vision au service de la nation.
Le Trésor de la langue française qualifie l’adjectif politicien de « souvent péjoratif ». Ce n’est pas nouveau (le TLF cite Barrès, 1918).
Le nom politicien n’est pas en soi péjoratif — le TLF cite d’ailleurs le même ouvrage de Barrès parlant (non ironiquement) d’un « bon politicien ». Même si le caractère péjoratif de l’adjectif a déteint sur le nom, on peut encore utiliser le nom de façon neutre. Par exemple, en regardant des occurrences récentes dans le journal Le Monde :
un politicien en pleine descente aux enfers (nom, neutre)
un jeu politicien (adjectif, péjoratif)
du jeu politicien (adjectif, neutre)
Politicien autocrate, il veut … (nom, neutre)
J’ai quand même l’impression que si on inclut non seulement le journal lui-même mais aussi les blogs et commentaires, on trouve plus d’occurrences péjoratives du nom (exemples : « cessons de prendre des pincettes et d’essayer de recycler, comme un politicien qui sait qu’il doit avoir l’air d’être proche des gens, … » (blog, légèrement péjoratif), « C’est à cela que l’on distingue l’homme d’Etat du politicien (commentaire, franchement péjoratif) »). Cela tend à montrer que le nom politicien reste formellement neutre mais est de plus en plus péjoratif dans l’usage populaire.
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