Par défaut, je dirais que le ou français (comme anglais) est inclusif. Ton exemple (“fromage ou dessert”) est souvent formaté d’une manière à mettre en avant la nature de “ou exclusif”: en marquant une pause accentuée sur le “ou” à l’oral, en le soulignant (ou en l’italicisant) à l’écrit.
Comme tu le fais remarquer, il existe plusieurs formules visant à mettre en avant l’exclusivité (en plus de celles que tu listes, il y a aussi: “ou bien”).
Par conséquent, je ne pense pas qu’il soit vraiment nécessaire de lever l’ambiguïté quand il s’agit d’un “ou inclusif” (c’est sous-entendu).
Tu indiques l’inclusivité de ‘ou’ avec tes indications nonverbales ou avec le contexte ou tous les deux.
Je crois que le sens de ou (son « inclusivité ») dépend fortement du contexte. Dans une liste d’items à choisir, par exemple dans un menu de restaurant, il indique par tradition un choix exclusif. Dans la vie courante, il est à mon avis le plus souvent inclusif. Il peut par contre être rendu exclusif par une formule comme « mais pas les deux » :
Vous avez assez de temps pour aller voir la tour Eiffel ou le musée d’Orsay, mais pas les deux.
Une autre méthode pour lever l’ambiguïté: utiliser, par syllepse, un verbe au pluriel après la conjonction. Voir l’exemple trouvé sur wikipédia:
Dans « Au moment où le Royaume-Uni, l’Espagne ou l’Irlande éprouvent la fin d’un cycle de croissance… » rien n’oblige à mettre le verbe au pluriel avec la conjonction « ou », mais chaque nation ayant une situation similaire, c’est l’ensemble qui est pris en compte et l’emporte sur le choix d’une seule. La conjonction n’est plus alors considérée comme alternative.
En théorie1, ça voudrait dire que:
Un fromage ou un dessert est compris dans le menu.
N’autorise qu’à choisir l’un des deux, mais que:
Un fromage ou un dessert sont compris dans le menu.
Autorise à prendre un fromage et un dessert. Reste à trouver les restaurants imprudents…
Un autre lien donne la même nuance:
Quand ‘ou’ présente une alternative, soit l’un soit l’autre (pas les deux), le verbe sera au singulier.
Mais comme tu le dis, dans la plupart des cas le contexte seul devrait pouvoir déterminer l’intention.
Remplacer ou par et est aussi mentionné comme un moyen de déterminer si un ou est inclusif ou pas — ce qui montre bien que ça peut aussi être un bon moyen de lever l’ambiguité, comme tu le signales déjà dans ta question (la réponse d’Evpok va dans le même sens).
Reste encore à signaler l’approche du « mathématicien fou » qui, s’interdisant d’utiliser ou directement, le contourne à coup de négations :
Si vous prenez le menu, vous ne paierez ni le fromage ni le dessert.
Puisqu’il sait que (a∨b) ⇔ ¬((¬a)∧(¬b))
et qu’il ne conçoit pas que quiconque l’ignore.
1. Je ne suis pas convaincu non plus.
On peut indiquer une disjonction inclusive par « et/ou », mais c’est effectivement incongru, d’une part parce qu’il est inhabituel d’acoller deux mots ainsi, d’autre part parce que la barre oblique n’est pas utilisée habituellement en typographie. L’expression « et/ou » est néanmoins relativement courante à l’écrit, en revanche je n’ai pas l’impression qu’elle se dise beaucoup à l’oral ([e.u]
risque de ne pas être compris). On la trouve même dans des publications respectables telles que le Trésor de la langue française :
Que… ou (que) + subj. (sert à exprimer l’équivalence entre deux ou plusieurs suppositions différentes et/ou opposées, mais ayant la même conséquence exprimée par la proposition principale).
On peut lever l’ambiguïté en disant ou écrivant explicitement que la conjonction est permise :
Il possède un chien, un chat ou les deux.
Je prendrai au moins un dessert ou un café.
Au hasard du web, je vois que Druide informatique avance que et/ou est venu de l’anglais (au départ juridique) and/or au XIXe siècle. Google Ngrams n’est d’aucune aide pour retracer l’histoire : les occurrences de « et/ou » sont noyées dans les numérisations erronnées de « et où » ou « et on ».
Le législateur français marque souvent le ou inclusif à l’aide de la lourde formule:
Toute infraction est punie d’une amende et d’un emprisonnement ou de
l’une de ces deux peines seulement.
Une façon d’indiquer qu’un ou est inclusif est de… l’omettre. Cette tournure fonctionne particulièrement bien avec les listes de plus de deux éléments.
Exemples :
Je peux prendre le fromage, un dessert, un digestif.
On y accueille les vieux, les malades, les sans-abris.
Deux possibilités:
En utilisant “soit”.
Après le repas: soit du fromage, soit du dessert.
En utilisant une idée de préférence.
Que préférez-vous, fromage ou dessert?
La meilleure solution pour plus de trois éléments est à mon avis d’utiliser et, éventuellement en précisant qu’il n’y a pas d’obligation
Vous pouvez prendre du fromage, un dessert et un digestif.
Pouvoir prendre pouvant être remplacé par avoir droit à, pouvoir choisir…
Ou, plus hasardeux
Fromage ? Dessert ? Digestif ? Vous pouvez faire plusieurs choix.
Le français utilise normalement « ou » avec un sens inclusif (c’est-à-dire que plusieurs éléments coordonnés sont possibles simultanément) et « soit » ou « ou bien » pour marquer des ou exclusifs (c’est-à-dire qu’un seul des éléments est possible).
Mais quand les éléments sont naturellement optionnels, il est courant d’utiliser « et » pour le ou inclusif et « ou » pour le ou exclusif. Un restaurant qui a une formule avec entrée et dessert permet trois plats, celui avec la formule avec entrée ou dessert n’en autorise que deux. Mais ce n’est pas toujours le cas, si on vous demande si vous voulez du sucre ou du lait avec votre thé, vous pouvez prendre des deux.
À cause de cela, à cause aussi vraisemblablement des cas où les éléments sont naturellement exclusifs, un ou qui devrait normalement être considéré comme inclusif est parfois ressenti comme ambigu. Supprimer l’ambiguïté dans le sens du ou exclusif est facile, il suffit d’utiliser la formulation normale avec « soit » ou avec « ou bien ». Pour la supprimer dans l’autre sens, on peut ajouter un « ou les deux » quand il n’y a que deux éléments, ou introduire la liste par une variation de « un ou plusieurs plats parmi ».
Tout le monde ici semble penser que le «ou» français est par défaut inclusif, mais je trouve que c’est incorrect, ou plutôt incomplet.
Pour moi «ou» est généralement inclusif lors d’une affirmation, et généralement exclusif lors d’une question:
«Aimes-tu le chocolat ou la vanille?»
«J’aime le chocolat ou la vanille.»
Et quand on y pense c’est parfaitement logique (ou tout du moins pratique), en effet une affirmation simple avec un «ou» exclusif ne serait pas très informative, le lecteur ne serait pas très avancé. («Bon alors, je sais que c’est soit l’un soit l’autre, mais lequel?»). Dans une question par contre il est plus informatif car il force l’interrogé a choisir ou à révéler qu’il aime les deux.
En somme l’utilisation et l’analyse tendent à chercher a maximiser l’information ( sauf si l’un des locuteurs est délibérément malhonnête et cherche précisément l’ambiguïté) .
Tout le monde ici semble penser que le «ou» français est par défaut inclusif, mais je trouve que c’est incorrect, ou plutôt incomplet.
Pour moi «ou» est généralement inclusif lors d’une affirmation, et généralement exclusif lors d’une question:
«Aimes-tu le chocolat ou la vanille?»
«J’aime le chocolat ou la vanille.»
Et quand on y pense c’est parfaitement logique (ou tout du moins pratique), en effet une affirmation simple avec un «ou» exclusif ne serait pas très informative, le lecteur ne serait pas très avancé. («Bon alors, je sais que c’est soit l’un soit l’autre, mais lequel?»). Dans une question par contre il est plus informatif car il force l’interrogé a choisir ou à révéler qu’il aime les deux.
En somme l’utilisation et l’analyse tendent à chercher a maximiser l’information ( sauf si l’un des locuteurs est délibérément malhonnête et cherche précisément l’ambiguïté) .
Leave a comment