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What is the capital of Tunisia?

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What is the capital of Tunisia?

« Caresser (l’espoir de…) » : entretenir avec « complaisance » ?

A/ De complaisance en général

1/ Puisque vous citez le TLF, vous aurez noté qu’au sens d’indulgence blâmable, il ne s’agit que d’un emploi péjoratif, par métonymie et le plus souvent au pluriel. Ce qui, à mon sens, revient à dire qu’il est plus rare.

2/ Il est assez difficile d’obtenir immédiatement des données objectives de fréquence de signification.
Je le fais pour ma part en comptant les cliques sur un graphe représentant un corpus d’environ 50K mots extraits avec leur sens (représenté par un synonyme) d’un corpus de référence. 1

Ce comptage donne ici un score de 30 pour amabilité, 30 pour prévenance, 26 pour gentillesse, 24 pour bienveillance, 18 pour amitié, 18 pour obligeance, 15 pour tendresse, 14 pour faveur, 13 pour indulgence

Je déduirais donc de ce comptage que, même en cumulant les scores de faveur et d’indulgence, les sens d’amabilitégentillesse devancent significativement.

Ces deux points concourent à me laisser penser que l’indulgence blâmable est effectivement déclassée.
Mais encore une fois, corpus, corpus… je ne fais pas de doute que pour qui ne compilerait que les chroniques judiciaires ou administratives ou chienécrasesques… il en irait à l’opposé.

B/ Du sens de complaisance dans la définition du TLF pour caresser ?

Bhein… là… il faudrait demander au lexicaliste concerné. Et je crains… qu’il ne soit plus. Donc…
Maintenant L’Académie disant se complaire dans… puis, pour se complaire : Se délecter, trouver son plaisir, sa satisfaction, je crois que l’on peut sans se tromper oublier l’indulgence blâmable.

C/ Comprendre caresser par le truchement de chérir, chérir plus difficile à prononcer ?

Si on en croit l’article du TLF, je n’ai pas vraiment l’impression que la prononciation de caresser ait semblé des plus évidentes non plus.

Maintenant, l’argument de l’élégance / facilité de conjugaison peut effectivement être un argument pour la préférence de caresser sur non pas chérir mais bien plutôt : Choyer! Vous observerez au demeurant que la définition qu’en donne le TLF (B) est quasi identique.

Je crois donc que, de façon plus immédiate qu’avec chérir, c’est par le truchement de choyer que l’on peut comprendre caresser.

D/ Sa différence avec avoir,

je la crois tout simplement logique. Elle tient au simple fait que l’espoir est une abstraction et qu’on ne peut formellement avoir ce genre de truc. Sans compter que ce verbe est dénué de tout affect, denrée qui me semble primordiale dans chérir, choyer, caresser.

E/ Connotation négative ?

La lecture péjorante / négative / critique… est toujours de la responsabilité… du lecteur! C’est vous qui la mettez… ou pas! Ce genre de charge est toujours laissé à l’implicite, c’est à dire, à la liberté de lecture.
L’auteur l’y a mise cette charge ? Lisez autour. Comprenez du contexte s’il est moqueur ou non, affectueux ou non, critique ou complice… ce sera donc… selon.

Sur ce, il est l’heure! Je m’en vais, pour ma part caresser… la bouteille! 😉


1 : Pour des utilisations à des fins statistiques c’est toujours là que le bât blesse tant évidemment, la définition d’un corpus étant toujours soumise à l’arbitraire difficilement soluble dans le nombre quel qu’il soit… La dernière mise à jour du mien remonte à l’an dernier, les données que j’en tire ici sont donc relativement actualisées.

Du Trésor de la langue française :

COMPLAISANCE, nf

A) [Avec une idée d’intérêt porté à autrui]
1. Désir de faire plaisir, d’être agréable, de rendre service à autrui.
2. Soins attentifs, délicatesses. • [Dans des formules de politesse] Gentillesse, bonté, amabilité. • Au plur., style biblique. Affection, amour de Dieu
3. Attestation, certificat de complaisance.Billet, effet de complaisance.
4. Actes d’indulgence et de soumission blâmable • [En parlant d’une femme] Avoir des complaisances pour qqn.
B) [Avec une idée d’intérêt porté à soi] Délectation, contentement, satisfaction.

De prime abord, parmi ces définitions, seules A1 & A2 semblent plausibles.

On peut écarter, ou discarter en bon québécois, A3 parce qu’il n’y a pas lieu de donner des papiers simili-légaux à un espoir ou à un rêve, pas plus qu’on ne doit ou peut mettre son nom en gage pour convaincre ce rêve ou cet espoir de notre bonne foi.

De même, il n’y a pas lieu de penser qu’un rêve puisse se matérialiser au point que l’on fasse la carpette devant, ou qu’on lui procure une quelconque satisfaction de la chair, pour quelque raison que se soit. A4 ne correspond pas.

Quant à B, ce genre de complaisance pourra s’établir chez certains, une fois le projet carressé accompli, mais tant que celui-ci appartient au futur, il n’y a pas lieu d’en retirer une fierté démesurée.

De A1 ou A2, lequel est le bon ? De quoi un espoir a-t-il besoin. Qu’on lui fasse plaisir, ou qu’on le maintienne dans la réalité ? Il me semble logique de penser que sa simple existence pourrait être précaire. Parfois, pour peu que l’on regarde la réalité en face, on se rend compte que la réalisation d’un rêve est chimérique et n’a aucune chance raisonnable de se concrétiser. Entretenir l’espoir, en le mettant temporairement de côté mais en continuant de réfléchir aux manières de contourner ou de surmonter les problèmes, me semble correspondre à une manière raisonnable de caresser un rêve, et coller d’assez près à la définition A2 :

Soins attentifs, délicatesses.


CARESSER vs CHÉRIR

Bien que CARESSER provienne d’un mot italien signifiant chérir, il semble avoir inclus de tout temps en français un contact avec l’objet, du moins dans son sens propre, non-figuré.

Il va de soi que l’on s’occupe bien de quelque chose que l’on chérit, mais CARESSER est plus explicite et décrit exactement le genre d’attention conférée à ce qui est chéri, attention qui, du moins l’espère-t-on, lui donnera la force de résister encore et toujours aux aléas de la réalité.

Je crois donc, mais je suis peut-être naïf de le croire, que le verbe est adéquatement choisi, qu’il constitue un choix un peu meilleur que CHÉRIR.


Péjoratif ? Parfois, souvent, toujours ?

Si la pensée même de la chose caressée était inimaginable et qu’un événement inattendu modifie soudainement les possibles envisageables, on peut « commencer à caresser l’espoir » d’une certaine chose, sans que cela ne soit péjoratif le moindrement :

Aujourd’hui, ce même général Lomakine, ces mêmes Cosaques devant lesquels on s’était incliné en tremblant, étaient dépouillés de leur pouvoir de fascination ; on les avait vus fuir, on avait assisté à leur désarroi, à leur effarement, à leur déroute, et l’on commençait à caresser l’espoir de les refouler au delà du lac d’Aral, au delà de la mer Caspienne, dans leurs montagnes de l’Oural et du Caucase.
    —L’Afghanistan : les Russes aux portes de l’Inde, Charles SIMOND, 1885

Quand pour d’aucuns le rêve est accessible et bénin, mais que pour soi il est difficile et dangereux, on peut « ne pas même oser caresser l’espoir » de ce rêve, sans que cela doive préjuger d’une capacité réduite de jugement ou d’action de la part de la personne n’osant pas.

Une personne aveugle ne serait pas ridicule de ne pas oser caresser l’espoir d’obtenir un permis de conduire (et la pratique du ski alpin par cette personne serait tout simplement digne de respect, même s’il s’agit d’une activité facilement praticable par la plupart des gens).

Il était permis à d’autres d’espérer, mais lui il n’osait pas caresser l’espoir de revoir la France.
    —Mémoires, Thomas Wiltberger EVANS, 1935

Si le rêve demeure encore possible, si son accomplissement demeure dans la sphère du plausible ou de l’imaginable, il n’est pas non plus risible de le caresser :

Ils pouvaient encore caresser l’espoir d’un redoux, mais les températures hivernales étaient précoces et l’hiver s’annonçait rude.

De ce qui précède il paraît logique de conclure que l’expression n’est pas a priori péjorative. Pourrait-elle l’être ? De la part de quelqu’un qui s’accroche désespérément à un rêve hors d’atteinte, oui, ce pourrait l’être.

La manière la plus simple d’ajouter une connotation négative sera de l’accompagner d’un vocabulaire dépréciatif :

  • Oser caresser l’espoir de…
  • Se permettre de caresser l’espoir de…
  • Caresser une chimère
  • « Comment peut-il caresser l’espoir de… ? »
  • Caresser l’espoir invraisemblable/ridicule/extravagant/insolant de…
  • Si, au lieu de caresser l’espoir de […], ils faisaient/attendaient/travaillaient simplement

On pourra aussi croire que caresser un certain espoir est faire preuve de trop d’optimisme, à tous les degrés de débordement d’optimisme imaginables. La connotation négative s’ajuste alors au niveau d’optimisme inféré :

  • On peut se montrer prudent, si l’excès d’optimisme perçu est léger, voire sujet à caution : On pourra arguer que caresser cet espoir, c’est être un peu trop optimiste sur la nature humaine.
  • …ou on peut se montrer beaucoup plus catégorique : Nous devons conclure que seul un optimisme démesuré, insensé, que rien ne saurait justifier, que tous les arguments démontrent infondé et indéfendable, les font persister à caresser cet espoir.

Pourrait-on avoir une connotation négative sans le vocabulaire idoine, cependant ? Probablement. Si on perçoit un espoir qui est assez unanimement perçu comme irréaliste, sa simple mention invoque déjà un certain ridicule :

  • Ces gens caressent l’espoir de prouver hors de tout doute raisonnable que la Terre est plate.
  • À 45 ans, il caresse encore l’espoir de gagner le Tour de France.

On pourrait aussi, en parlant d’un espoir impossible, affirmer « qu’il ne faut pas caresser l’espoir de… ». Cela tend à rendre ridicule la caresse de cet espoir en particulier, mais ne confère en aucune manière un statut ridicule à toute entreprise de caresse d’espoir, et ne préjuge pas non plus forcément de ceux qui jusqu’alors auraient pu l’entretenir.

Péjoratif, alors ? Je dirais que dans la plupart des cas, non. La tournure se prête assez bien à l’expression du ridicule, oui, mais n’est pas foncièrement, intrinsèquement attachée à la notion de ridicule.

 

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